jeudi, mai 11, 2006

Like a virgin


Elle remonte sa culotte en-dessous sa robe, debout sur un terrain de foot trop grand, sans trop savoir où elle est, pourquoi elle y est. Une nuit d'amour s'est soudain transformée en une simple nuit de sexe. Et elle n'y comprend rien. Juste rien.
Ce n'était pas ça qu'elle avait imaginé, pourtant. Elle avait imaginé qu'il serait là, quand elle se réveillerait dans l'herbe. Qu'elle n'aurait pas à se rhabiller seule, comme lasse... Elle s'imaginait déjà voir son visage au petit matin. Peut-être qu'il l'aurait regardée se rhabiller rapidement ; elle se serait cachée un peu, mais il lui aurait dit : "t'es un vrai canon", et alors elle aurait souri. Il l'aurait embrassée, comme si c'était pour sceller un pacte à jamais. Elle serait sentie drôlement bien.
Mieux... mieux en tout cas que dans ce taxi qui sent la cigarette de la nuit. Il ne lui parle pas, encore heureux. Mais il a deviné, sous ses airs tristes et froids, qu'elle avait eu la plus grosse déception de sa vie cette nuit-là. Et alors, peu importe les parents et leurs cris ; peu importe les reproches de ses soeurs punies à cause d'elle ; peu importe les disques de rock qu'il faut jeter. Tout ça, ce qu'elle s'en moque. S'il avait été là ce matin au réveil, elle aurait même donné son âme pour conserver ce moment-là pour toujours.
Mais il n'était pas là. Et elle doit subir le courroux des parents, de la famille ; le mépris du voisinage, tout ça... pour une nuit de sexe. Une nuit de sexe pour un garçon de plus qui ira raconter qu'elle est une fille facile. Alors que c'était sa toute première fois, et que c'était à lui, rien qu'à lui qu'elle voulait réserver ce moment. De la baise, elle aurait pu en avoir par charrettes entières, sans avoir à mentir à ses parents, sans avoir à passer la nuit dehors : hop, vite fait derrière le lycée, avec un des très nombreux gamins qui lui couraient après. Ce n'était pas ça, pas ça qu'elle voulait. Pas avec lui...
Ne dit-on pas qu'il faut guérir le mal par le mal ? Alors elle n'aura que ça, de la baise, des coups vite faits, et puis surtout mal faits, avec n'importe qui, des garçons sans importance, moches ou beaux peu importe... peu importe parce que le seul à qui elle voulait se donner a fait de son corps une marchandise. Elle ne sera plus que ça, pour tous ceux qui veulent bien d'elle, de son regard vague et vide après l'amour, de sa cigarette dont elle n'avale pas la fumée, parce qu'au fond elle n'aime pas ça. Pas plus que leurs corps avides sur le toit d'une maison trop surveillée, pas plus que de sentir sur son corps des mains étrangères. Mais tant pis elle s'habitue... elle s'habitue, mais se demande si c'est sale. "Est-ce que c'est sale ce qu'on vient de faire ?" Parce que plus ce sera sale, plus elle sera satisfaite.
Et moi j'ai comme la gorge nouée quand j'écoute Air... car Lux, c'est moi, et manifestement je sais ce que c'est que d'être une fille et d'avoir treize ans.

4 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Je n'avais aimé que moyennement ce film, l'ayant trouvé un peu "plat" mais beau, tout de même ^^
J'aime beaucoup ta description de la fameuse scène du stade.

10:29 AM  
Anonymous Anonyme said...

Anytime, anyway,
You're my Playground Love...

2:13 AM  
Anonymous Anonyme said...

Et moi j'ai les larmes aux yeux, un peu grâce aux textes (celui d'en dessous, aussi) un peu parce-que je suis tombée ici.

1:11 PM  
Anonymous Anonyme said...

hé bien après avoir lu le livre ca le retranscrit bien...no comment sur je suis Lux :)

11:12 AM  

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