vendredi, mai 19, 2006

Rien que d'y penser


Lola. Ca y est, je me rappelle son prénom. Lolita. Lola. Voire Lo pour ses amies. Mais comme je n'ai jamais été son ami, je ne l'ai jamais appelée comme ça. Et je pense pouvoir dire qu'au fond, elle avait peu d'amis, et que ce diminutif n'a finalement été que très peu usité.
J'ai malgré tout du mal à croire que ce soit la même fille. Celle que je vois en face de moi est grande, incroyablement bien faite, avec des jambes si longues qu'on en perdrait la raison. Ses yeux diabolo menthe (et pas menthe à l'eau, il y a toujours eu bien trop d'étincelles dans ses yeux pour les comparer à cette boisson plate) rayonnent, cerclés de noir. Un petit diamant brille au-dessus de sa lèvre supérieure, et la fait scintiller à chaque sourire. Sourires dont elle n'est pas avare. Son débardeur laisse entrevoir les bretelles d'un soutien-gorge noir, noir comme ses talons hauts, foncé comme cette jupe rouge sang qui virevolte à chaque pas. Cette femme-là est une bombe, purement et simplement - alors que la Lolita dont j'ai le souvenir ne se défaisait pas de sa maigreur et de ses pulls à col roulé informes, trop grands. Ses yeux semblaient trop grands pour son visage si fermé. Ses cheveux n'étaient jamais aussi bien coiffés que ce soir ; ses ongles rongés ; sa démarche hésitante. Non, plus j'y réfléchis, plus je me dis que ça ne peut pas être cette créature excitante que j'ai connue au lycée.
Et pourtant... pourtant l'affolante blonde se retourne lorsqu'on l'appelle Lola. Les deux images ne peuvent se superposer pourtant... J'ai envie d'elle, autant que j'étais dégoûté à la simple idée de toucher l'ancienne Lola. Dire qu'elle m'avait déclaré sa flamme à l'époque. J'avais eu mal pour elle, qui espérait sans doute que j'allais m'intéresser à sa personne... Mais bref, tout cela est passé, et bien révolu, car je n'aurais jamais pu ignorer une telle femme.
Je m'approche d'elle en zigzagant entre les couples qui dansent, et la salue. Elle se retourne, et je vois bien pendant une seconde une lueur d'étonnement. Lueur qu'elle éteint immédiatement, et à mon grand désarroi, son visage se ferme. Son "bonjour" est laconique, voire méprisant. Bêtement, je ne sais qu'ajouter : "Ca fait un bail, hein ?" Elle ne se déride pas et murmure un "oui" étouffé.
Là, je dois avouer, je suis bien emmerdé. Bien emmerdé parce qu'elle me plaît beaucoup. Et tous les garçons lui tournent autour depuis qu'elle est arrivée, lui apportant sans arrêt un nouveau verre d'alcool, afin de la rendre patraque. J'ai vraiment envie d'elle, là, tout de suite. Et son attitude aguicheuse me laisse penser que, peut-être, qui sait...
Mais c'est toujours le même visage serré qui se présente quand je m'approche. Je tente le tout pour le tout. "Alors dis-moi, toujours fou de moi ?" (référence à une chanson de Zazie qu'elle m'avait écrite sur un papier pour me dire qu'elle m'aimait). Elle se retourne assez violemment. Je sens de l'électricité dans son regard. Après tout, il vaut mieux une bonne colère que son mutisme. "T'aimerais bien, hein ?" Ah. Ce n'est pas de la colère dans sa voix, mais... de la sensualité. Qui aurait cru que ce fût si facile d'arriver à ses fins ? "Ma foi, oui, ça me plairaît beaucoup". Elle sourit. Premier sourire qu'elle m'adresse de la soirée. Elle me chuchote alors à l'oreille : "viens". Et se dirige vers les toilettes de cette salle de fête.
Lola ferme la porte à clef et sans un mot, déboutonne mon pantalon, baisse mon caleçon, et commence à me caresser. Je ferme les yeux et m'abandonne au plaisir... mais c'est alors qu'elle s'arrête. Un peu vexé, je rouvre les yeux, et là elle rit de mon air agacé. "Tu ne crois quand même pas que je vais me contenter de te sucer sans prendre mon pied". Bon. Elle a plutôt raison là. Ni une ni deux, je sors un préversatif que j'enfile, et je lui retire sa culotte (tiens, pas même un string), sans prendre la peine de dégrafer sa jupe. Elle ne semble même pas surprise par ma violence, ma rapidité. Son regard laisse sous-entendre un je-ne-sais-quoi de triomphant... mais en attendant, petite salope, moi je te baise comme j'en rêve depuis le début de la soirée. Elle n'essaie pas de bouger, de prendre du plaisir ; elle subit simplement mes coups de reins, sans aucune expression de dégoût ou de plaisir. Elle est frigide peut-être. Mais alors pourquoi ?... Toutes ses questions me traversent l'esprit alors que, doucement, je me dirige vers la jouissance. Qui se fait imminente. Qui...
"Lâche-moi, gros porc". Elle vient de se dégager en me poussant brusquement. Je suis là, avec tout mon orgasme qui ne demande qu'à déferler, et elle se casse. Elle remonte sa petite culotte, et je comprends alors cet air de triomphe. La pute. Elle avait dû tout préméditer. Elle ne sourit même plus. Elle reprend son souffle, essaie de dominer ses cheveux partis sans tous les sens, qui se colle à sa peau moite de sueur. "Tu vois, connard, tu vois ce que ça fait quand quelqu'un se fout de ta gueule. Spécialement quand c'est quelqu'un dont tu attends beaucoup. Ca fait chier, hein, dis-le-moi que ça te fait chier !" Elle hurle presque, hystérique qu'elle est. J'essaie de me faire menaçant, même si je sais que je suis ridicule avec ma queue à l'air et mon pantalon que je n'ai aucune envie de remonter : "tu vas finir ce que t'as commencé, espèce de salope. Tu vas venir finir ça !" Pour toute réponse, elle brandit son majeur et explose : "va te faire mettre".
Elle sort alors des toilettes, et me laisse là, excité et terriblement frustré. Ne plus jamais croire que les chenilles transformées en papillon n'ont pas de mémoire.

7 Comments:

Anonymous Anonyme said...

...j'aime encore et toujours...te lire est un véritable moment de plaisir

11:33 PM  
Anonymous Anonyme said...

Excellent, j'a-dore.

2:38 PM  
Anonymous Anonyme said...

Le mot serait "intense". Mais j'aime moins que les deux premiers.

9:51 AM  
Anonymous Anonyme said...

A sa place, je me serais fini à la main... Lola aurait sans doute appris au passage que la vengeance ne peut pas être si parfaite et si totale dans la vie. A moitié foutue, à moitié prise, avec quand même le désir qu'il faut ravaler en faisant la gueule, et puis ce con, là, qui se branle d'une main et menace de l'autre.

On pourrait sortir des chiottes et se ressembler. Pathétiques et bien éclairés sur la vie sexuelle des anges. "Look at this tangle of thorns."

9:57 AM  
Blogger Tristana said...

C'est bien parce qu'aucune vengeance ne peut être parfaite, ni ne peut soulager nos coeurs bien loin des séraphins aux ailes altières, que j'ai besoin de la fantasmer sur un clavier... pour, peut-être, essayer de purger cette passion dévorante.

1:41 PM  
Anonymous Anonyme said...

Pouah pouah beurk !! J'adore ! (voui, y'a des fois comme ça)

5:12 AM  
Anonymous Anonyme said...

Et bah...ça c'est de la vengeance :)

11:16 AM  

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