lundi, juin 19, 2006

You don't have to sell your body to the night



Comme le sable est désagréable. C'est drôle, je n'aurais jamais imaginé qu'on puisse être si mal à l'aise sur le sable. Pourtant, j'ai fait de nombreuses siestes à la plage, toujours délicieuses. La douce morsure du soleil me laissait grisée, ivre, apaisée. Je la sentais sur mon ventre, mon dos parfois, mes cuisses, sur la naissance de mes seins. Comme c'était agréable alors. Et puis, il y avait eu au préalable le doux massage lié à la mise de crème solaire. Massage éventuellement demandé à un joli garçon, qui se faisait un plaisir de toucher mes reins, le bas de mon dos, presque mes fesses. C'était doux et tellement bon, d'une telle sensualité. J'aurais pu passer ma vie, étendue sur une serviette de plage, à lire les aventures de Don Quichotte, ou alors à somnoler.
Je ne sais même pas pourquoi tous ces souvenirs affluent dans ma mémoire. Cette plage-là est tellement différente. Le soleil est caché par des nuages, je n'ai aucun besoin de mettre de la crème. Et puis je ne suis pas venue là pour me baigner. Je ne sais pas trop pourquoi je suis venue là, d'ailleurs. Enfin, si, je me souviens. Les regards dans le couloir de l'hôtel. Il n'est pas vraiment beau, mais il n'est pas laid. Alors je lui ai souri. J'ai tout fait pour qu'il comprenne qu'il me plaisait à moi aussi. Et puis il y a eu le vide dans ce couloir. Alors nous étions seuls, face à face. Il m'a parlé, m'a dit que j'étais belle. Belle à en pleurer avec mes yeux bleus et mes cheveux entre le brun et le roux. Je n'ai rien dit. Il a touché mes cheveux, ma joue. Il m'a embrassée. Et m'a demandé si on ne pouvait pas se retrouver demain après-midi, devant l'hôtel, on irait se balader près de la plage, ce serait sympa. Bien sûr j'ai dit oui. Bien sûr j'ai hoché la tête. J'ai compris.
Alors j'étais là tout à l'heure, à l'attendre. Il est arrivé un peu en retard. Ca m'a énervée mais je n'ai rien dit. Je m'étais habillée sans trop en faire. Je ne sais pas pourquoi, je ne voulais pas que tout aille trop vite. Et je m'étais dit que la barrière de mon pantalon noir serré par une ceinture ferait aller les choses plus lentement. De toute manière il n'a vu que mon décolleté. C'était fait exprès ça aussi...
Le temps était déjà assez nuageux et frais. En plein été, un comble. Je crois bien que j'ai prié pour que mes parents ne s'aperçoivent pas que je n'étais pas dans ma chambre. Alors on a marché, jusqu'à cette jolie plage. J'adore les dunes, et le vent qui souffle assez pour que les vagues sonnent à mes oreilles. Il me tenait la main, vous croyez ça ? Et moi je ne l'ai pas retirée. Alors il m'a encore embrassée. Et ses mains ont commencé à descendre le long de mon corps. Sensations que je ne connaissais qu'innocemment. On ne m'avait jamais touchée comme ça. Il était si près de moi que j'ai même pu sentir son érection. Il m'a alors tirée par le bras, et on s'est installés là, entre les dunes, sur le sable désagréable. C'est là que nous sommes. Il est à côté de moi et n'arrête pas de mêler ses jambes aux miennes.
Je suis soudain très lasse. Ma tête me crie non. Non je n'en ai pas envie, pas maintenant, pas comme ça, pas ici, pas avec toi. Mais la raideur dans son pantalon ne faiblit pas. Il m'embrasse le cou, ses mains sont partout à la fois sur mon corps. Et puis, ça y est. Alors que j'essaie de pousser mes cheveux qui encombrent mon visage, je le sens défaire le bouton de ma ceinture. Puis celui de mon pantalon. Qu'il tire vers lui. Il fait de même avec ma petite culotte émaculée, blanche comme du coton. Il écarte mes jambes rapidement avec son corps, et commence à défaire son jean. Je tourne la tête, parce que je ne veux pas voir ça. Mais je ne peux rien dire. Une pensée me traverse l'esprit : comme ça, au moins, ce sera fait. Peut-être à 17 ans sur une plage minable avec un inconnu, mais ce sera fait.
Son jean va retrouver mes affaires éparpillées dans le sable. Son boxer aussi. Vite, vite, comme si le temps courait contre lui, il remonte mon débardeur, et enfouit sa tête entre mes seins qu'il lèche. Sa respiration est très forte. Mais le haut de mon corps ne l'intéresse déjà plus. Il saisit son sexe d'une main pour s'insinuer en moi. Il y parvient rapidement. Et alors qu'il ferme les yeux en poussant un petit soupir de contentement, moi, je brûle. Je brûle de douleur. Il continue à s'enfoncer et je serre les dents du plus fort que je peux. J'ai horriblement mal. Mais je ne peux pas lui dire. Et puis il s'en moque. Il est tout à son affaire, à ses va-et-vient, à son plaisir. Ma tête va exploser, je n'ai jamais eu aussi mal de toute ma vie. Même quand Armelle m'a poussée contre le mur en CM2. Même quand on m'a opérée d'un ongle incarné sans anésthésie. J'ai le ventre en feu, complètement déchiré. Une larme de douleur roule sur ma joue, mais je l'essuie le plus vite que je peux. Je murmure difficilement un "plus doucement, s'il te plaît", qu'il entend à peine. Il me répond bien sûr et continue son travail d'écorchement.
Finalement, il sort de moi, et le soulagement est immense. C'est la première fois que je vois son sexe qui est toujours en érection. Et je me rends compte qu'il n'a pas mis de préservatif. Et que je ne lui ai même pas demandé d'en mettre. Je commence à récupérer mes affaires, mais il attrappe mon bras. "Attends, j'ai pas fini, viens me sucer". Je reste là, interdite. Son regard est insistant. Alors très gauchement, je m'approche de lui, et touche un pénis pour la première fois de ma vie. Il insiste. "Allez, fais pas chier, toutes les nanas le font". Je respire un bon coup et puis je le prends dans ma bouche. Ca n'est pas si désagréable ni si mauvais - jusqu'au moment où il appuie sur ma tête pour que je le prenne encore plus loin. J'ai l'impression que je vais étouffer. Heureusement sa jouissance n'est pas longue à arriver, et il tient ma tête pour que je ne me dégage pas alors qu'il balance son sperme dans mon gorge. Il pousse un râle de jouissance, et me relâche enfin. Je ne peux même pas cracher, j'ai déjà avalé les trois quarts de sa semence. C'est gluant, et très salé. Il me regarde avaler, avec un sourire satisfait. Mais déjà il est débout et se rhabille. "Je dois y aller, j'ai un rendez-vous très important ; on se voit bientôt !" Il me caresse la tête, comme si j'étais un animal, et disparaît derrière les dunes de sable.
De façon automatique, je me rhabille et rentre à l'hôtel. Je me couche, mais le sommeil ne vient pas. J'ai encore mal. Je passe aux toilettes pour découvrir ma culotte naguère si blanche tachée de sang. C'est terriblement violent, ce sang écarlate sur un sous-vêtement aussi immaculé. Mais je n'ai pas envie de pleurer. Je m'essuie, et puis me douche.
Et puis je pense. Je pense à toutes ces femmes dont ç'a été la première fois. Toutes celles qui ont eu mal, mais n'ont rien dit. Toutes celles qui ont été soumises au désir de l'homme. Toutes celles qui malgré la douleur, savaient qu'elles n'avaient pas le choix. Car il faut bien le faire. Il faut bien une première fois. Et même si on en avait envie, même si on a tout fait pour ça, le dépucelage n'est rien d'autre qu'un viol.

11 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Je ne sais pas comment m'exprimer, te faire comprendre ce que tes mots me font...
C'est dingue comme tu me touches !
Et tes mots, c'est une partie de toi alors, pour reprendre ce que tu as dit dans un autre commentaire, n'aie pas peur de décevoir qui que ce soit...

1:56 PM  
Anonymous Anonyme said...

D'habitude, tes hommes, j'ai envie d'être eux. Toujours envie de me promener dans leur tête, de te voir par leurs yeux... Même les pires, les plus lâches, les plus tristes... Cette fois-ci, pourtant... Non...
Un noeud dans la gorge, une boule qui ne passe pas... Même violence sans le sable... Même mains qui agrippent la nuque, pour qu'on ne bouge pas... Cette fois j'étais elle... Enfin "j'étais"... Jeux de miroirs... N'en disons pas trop...
Un jour, je me promenerai dans une librairie. Je tomberai sur un livre de toi... Je l'achèterai avec un petit sourire rêveur...
Merci de continuer à nous offrir tes mots !

7:44 PM  
Anonymous Anonyme said...

Je crois qu'il n'y a rien à rajouter...

12:46 AM  
Blogger evalia_bcn said...

C'est beau, mademoiselle, c'est beau, tu sais, tous ces mots que t'arrivent à disposer comme ça...
T'as rien à leur envier, à tous ces grands auteurs.

Je t'embrasse, te lire m'a manqué. Te parler aussi.

9:39 AM  
Anonymous Anonyme said...

Je ne trouve pas les mots, comme à chacun des mes passages ici... mais tu as beaucoup de talent, et c'est un plaisir de te lire.
J'admire ton écriture, sur le fond comme sur la forme... c'est toujours très touchant...
A plus ^^

7:44 AM  
Anonymous Anonyme said...

Quel texte ! Quelle plume !
Je suis arrivée sur ton blog un peu par hasard, ce texte m'a complétement boulversé :/

Je ne sais pas si tu comptes publier un jour, mais tu as tout mes encouragements :-)

11:09 AM  
Anonymous Anonyme said...

Merci, mademoiselle. Ca m'a remuée, vraiment.
Et oui, elle est promise à un avenir brillant...

En attendant de te croiser.

5:17 AM  
Anonymous Anonyme said...

Aïe. rien a ajouter.

11:32 AM  
Anonymous Anonyme said...

Tu écris effectivement bien.

Tes mots m'ont troublés. Et j'avais juste envie de dire que parfois le dépucelage se passe bien...

10:17 PM  
Blogger Broutille said...

Je viens de découvrir ton blog, et c'est une belle découverte ! On a déjà du te le dire mille fois, mais tu écris vraiment bien. Ce texte en particulier me touche et fais naître un écho en moi. (Presque mêmes circonstances, l'alcool en plus, même violence, même dégoût, même douleur, même sentiment d'obligation, même pensée "au moins ce sera fait".) Tout cela est si bien décrit. Et malheureusement si vrai.
Allez, je m'en vais parcourir tout ton blog !

3:15 PM  
Anonymous Anonyme said...

beaucoup appris

9:11 PM  

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