dimanche, février 04, 2007

The show is over, say goodbye


Qu'est-ce qu'on devient à la fin, quand ça n'est plus qu'un jeu ? Quand ça dépasse les limites qu'on s'était fixées, quand ça devient enfin réel, véritable - dangereux ? On essaie de se raccrocher aux branches.
Tombée là par hasard. Jamais cru en rien. Jamais réussi à me dire que ça valait le coup. J'ai cherché à annihiler toute forme de pensée, de toutes les manières possibles. Ma préférée, c'était quand même le sexe. Pas de dépendance, juste du plaisir, et puis jamais le même. La cocaïne ou l'ecstasy, c'est franchement rébarbatif à côté d'un orgasme obtenu par l'intermédiaire d'une personne différente à chaque fois.
L'insouciance. L'envie de mordre dans la vie à pleines dents. Si ça doit être court, merdique, au moins que j'en profite. Un peu. Peut-être aurais-je dû écouter les avis plus avisés. Comprendre ce qu'on voulait me dire, à demi-mots. Jamais de leçon de morale, juste des leçons de bon sens, que j'ai refusées d'écouter, sans doute par prétention. Trop jeune encore, trop adolescente, j'ai cru qu'un conseil, c'était du conformisme. J'ai eu tellement tort.
En vouloir toujours plus. S'étourdir à chaque fois que cela devenait possible. Lorgner chaque corps qui passait à ma portée. J'étais totalement sûre de moi, sûre de l'essentiel qui découlait du plaisir de l'orgasme. Sûre que je m'épanouirais de cette manière-là et pas autrement. J'en ai vu défiler, des hommes, des femmes. Différents, identiques, peu m'importait. Again & again. J'ai cru à mon immortalité, comme chaque être qui grandit, qui se dit que l'âge adulte est loin, et qu'on ne peut pas mourir de toute manière parce qu'on espère trop devenir grand.
Confondre insouciance et inconscience. J'ai pensé qu'agir sans réfléchir, bêtement, sans aucune réflexion préalable, c'était la liberté. Je n'avais pas compris qu'au contraire, je créais ma propre raison d'inconscience, de bêtise, de crime et de châtiment. Car je dois bien avoir commis un crime, pour être punie de la sorte : celui de m'être crue plus forte que tout, tellement vivante que la mort n'oserait jamais me frôler. Mon crime est prométhéen : les dieux ne pardonnent jamais l'hybris. Je le savais pourtant, mais je me suis crue hors de leur portée. Orgueil et préjugés, tous réunis.
Alors voilà, mourir pour, par et grâce à tout ça, ce n'est qu'une suite logique, ce n'est que justice. Aimer le plaisir jusqu'à en crever, peut-être cette définition me correspond-elle. Je ne peux pas dire que je ne l'ai pas cherché, que c'est injuste, que c'est dégueulasse. Tout ça est tellement normal. Et banal. Une de plus, perdue dans la masse immense de ces gens punis pour leurs péchés, punis pour tout et rien, pour leur accoutumance au désir ou à n'importe quelle autre chose rendant le quotidien plus supportable. Mon cas n'a rien de particulier, et je l'accepte comme tel. Je n'ai plus qu'à faire le deuil de mon existence passée, et de mon existence à venir qui ne sera pas bien longue. Et enfin je m'en irai, bercée de tragédie grecque. Au fond, j'aurais adoré être Electre.